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Réformes à Postes Canada

Postes Canada pourrait s’inspirer de ses homologues internationaux

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19 octobre 2025
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Par La Presse Canadienne

Lorsqu'Ottawa a annoncé une série de réformes à Postes Canada à la fin septembre, la réaction à cette décision a mis en lumière un mécontentement latent envers la livraison de courrier et de colis.

Les changements, allant de la disparition du service porte-à-porte au ralentissement de certaines livraisons, devraient permettre à la société d'État d'économiser des millions de dollars par année.

Les travailleurs syndiqués, qui ont entamé une grève nationale d'une semaine, qui s’est depuis transformée en grèves rotatives, ont déclaré qu'il s'agissait d'une «attaque» contre leurs emplois. Certains Canadiens ont exprimé leur frustration face à la réduction éventuelle du service, tandis que d'autres ont fait savoir que leurs impôts ne devraient absolument pas contribuer à la survie d'une entreprise désuète.

Ces événements soulèvent des questions sur l'avenir de cette institution centenaire et sur la forme qu'elle devra prendre à une époque où la numérisation et la concurrence privée menacent sa survie.

Certains experts estiment que Postes Canada pourrait s'inspirer de services similaires dans d’autres pays, comme le service postal des États-Unis (USPS) ou la Royal Mail du Royaume-Uni.

Le service postal des États-Unis est le meilleur comparable à Postes Canada, compte tenu des défis auxquels il est confronté et des solutions qu'il a explorées, selon Ian Lee, professeur agrégé à la Sprott School of Business de l'Université Carleton, auteur l'an dernier d'un article intitulé «Postes Canada: Le point de bascule est arrivé».

M. Lee y explique que la numérisation de l'information, de l'apparition des médias sociaux à l'essor des factures et des mécanismes de paiement électroniques, a perturbé les services postaux du monde entier.

Le défi géographique

Au Canada et dans certains autres pays, la numérisation s'accompagne d'un problème plus précis qui touche le modèle économique classique de la livraison du courrier que dans des régions plus densément peuplées, comme l'Europe.

«Ce qui distingue le Canada, les États-Unis et l'Australie, ce sont leurs vastes territoires et leurs populations relativement faibles au kilomètre carré, ce qui rend la tâche beaucoup plus difficile et beaucoup plus coûteuse. Ils éprouvent des problèmes pratiquement identiques, soutient M. Lee. Ils perdent de l'argent et leurs volumes de courrier s'effondrent. Les habitants des zones rurales disent: "Ne fermez pas mon bureau de poste", tandis que ceux des zones urbaines disent: "Je me fiche éperdument de ce qui se passe au bureau de poste"

M. Lee indique que l'USPS a cherché à atténuer ses difficultés en nouant des partenariats avec des coursiers privés, tout en tirant parti de son avantage concurrentiel sur le «dernier kilomètre».

Ces accords prévoient que des entreprises privées gèrent la logistique – le tri préliminaire et l'acheminement du courrier vers les zones postales locales – tandis que l'USPS concentre ses ressources de transport sur la livraison du courrier à domicile ou dans les boîtes aux lettres communautaires.

«Si Postes Canada parvient à s'adapter, il existe un marché pour qu'il devienne un partenaire d'entreprises comme Amazon», affirme M. Lee.

Dans le cadre d'une mesure qui permettrait d'économiser près de 400 millions $ par année, le gouvernement fédéral a annoncé le mois dernier la fin du moratoire sur la conversion des boîtes postales communautaires, autorisant Postes Canada à convertir les quatre millions d'adresses restantes qui bénéficient encore de la livraison à domicile.

Il a également mis fin à un moratoire de trois décennies sur la fermeture des bureaux de poste ruraux afin de réduire les doublons dans les zones surdesservies. Parallèlement, le courrier non urgent sera acheminé par voie terrestre plutôt que par voie aérienne, ce qui reflète une baisse des volumes de livraison et permet à Postes Canada d'économiser plus de 20 millions $ par année.

Ottawa a rapporté que la société d’État perd environ 10 millions $ par jour, malgré une injection d'un milliard $ plus tôt cette année pour maintenir ses activités. Depuis 2018, Postes Canada a accumulé plus de 5 milliards $ de pertes, dont plus d'un milliard $ l'an dernier seulement.

Ann Armstrong, professeure à l'Institut de gestion et d'innovation de l'Université de Toronto, souligne cependant que le modèle d'affaires de Postes Canada vise à soutenir les collectivités partout au pays, en particulier celles des régions éloignées, plus difficiles d'accès pour les entreprises privées, plutôt qu'à rechercher des profits.

«Le service postal a quelque chose de sacro-saint. Il me semble que le modèle est parfaitement viable et doit être préservé, même si les coûts, entre autres, doivent être ajustés», dit-elle.

Mme Armstrong croit toutefois que Postes Canada pourrait innover davantage en lançant de nouveaux services. Elle donne l’exemple de l'expansion du service postal japonais dans les services bancaires.

Un sondage mené auprès des membres de l’Union postale universelle, une agence des Nations unies, a révélé que 84 % des pays offrent un service financier par l'intermédiaire de leur service postal.

Plus tôt cette année, Postes Canada a lancé un compte de dépenses et d'épargne appelé Compte MonArgent Postes Canada, en partenariat avec la société de technologie financière canadienne Koho Financial. Il offre des remises en argent et des options permettant de gagner des intérêts et d'établir ou d'améliorer son crédit.

Le syndicat représentant les travailleurs de Postes Canada réclame un système bancaire postal plus étendu, rappelant que le Canada en possédait un depuis la Confédération jusqu'à sa fermeture en 1969.

Il a mis en évidence le fait que les systèmes bancaires postaux modernes du monde entier offrent une gamme plus large de services, tels que les services bancaires en ligne et les guichets automatiques, les cartes de crédit et de débit, les virements de fonds, les assurances, les prêts et hypothèques, ainsi que les produits d'investissement.

Privatisation avantageuse

Il existe également l'étude de cas de Royal Mail, le service postal britannique vieux de cinq siècles, qui a été privatisé en 2013.

Depuis, son succès financier a été variable, tout comme son actionnariat, après son rachat plus tôt cette année par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. L'entreprise a réalisé un bénéfice de 12 millions de livres sterling, soit près de 22,7 millions $ CAN, au cours de son exercice 2024-2025, après des pertes d'environ 657 millions $ CAN en 2023-2024 et de 791 millions $ CAN l'année précédente, selon les rapports financiers.

Mais sa privatisation lui a donné la liberté de réformer ses opérations et de concurrencer les autres coursiers, tout en maintenant la livraison à domicile, rappelle Michael Anderson, qui a passé 25 ans chez Royal Mail, notamment à des postes de gestion des colis et de négociation avec les partenaires de distribution.

Il ajoute que Royal Mail continue de «s'acquitter d'une obligation de service universel» en vertu de la réglementation de l'Ofcom, l'organisme britannique de surveillance des télécommunications.

L'entreprise a néanmoins réussi à développer «un ensemble de solutions que les entreprises de commerce électronique souhaitent acquérir», souligne M. Anderson, aujourd'hui consultant dans le secteur des colis et du courrier, spécialisé dans l'aide aux transporteurs pour accroître leur efficacité grâce à la technologie.

Sammy Hudes, La Presse Canadienne

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