Après l'avis du Ministère de la Culture
Le GIRAM s’oppose fermement au déclassement du Château Beauce
Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) monte de nouveau au front pour défendre le Château Beauce, situé à Sainte-Marie.
Dans une lettre adressée ce mardi 11 novembre au Conseil du patrimoine culturel du Québec, le GIRAM critique vivement la décision du ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, d’entamer le processus de déclassement du bâtiment patrimonial.
Classé en 2020 pour sa rareté et son unicité, le Château Beauce est jugé par le GIRAM comme un bien d’intérêt national. « (...) Ce geste légal est édicté et assumé sans égard au propriétaire. Seule est en cause, la valeur intrinsèque, patrimoniale et historique de l’immeuble », écrit le vice-président au patrimoine du GIRAM, Gaston Cadrin. Le groupe rappelle que le classement avait été soutenu par une analyse rigoureuse du ministère et un avis favorable du Conseil du patrimoine.
Dans son courrier, le GIRAM revient sur l’histoire du bâtiment, dont la construction remonte à 1903-1904, selon les plans de l’architecte Jean-Omer Marchand, également associé au Parlement d’Ottawa et à l’Hôtel de Ville de Montréal. Il insiste sur l’importance de ce patrimoine dans un secteur durement touché par les inondations de 2019 et les démolitions massives qui ont suivi.
Une critique sévère de la SACA
Le GIRAM émet également de vives critiques envers la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches (SACA), actuelle propriétaire du site. Le groupe estime que l’organisme n’a pas rempli ses responsabilités, allant jusqu’à accuser la SACA d’avoir coupé le chauffage et négligé l’entretien, favorisant le vandalisme et la détérioration.
« La Société a décidé de couper le chauffage et de laisser les bâtiments à eux-mêmes, ouvrant la porte au vandalisme et à la détérioration accélérée. Elle a même affirmé que sa propriété était
inassurable. Est-ce étonnant dans ces conditions qu’elle ne le soit pas? », peut-on lire dans cette même lettre.
Il ajoute que des aides financières ont été versées pour effectuer les travaux nécessaires, et que la Loi sur le patrimoine culturel oblige tout propriétaire à préserver la valeur patrimoniale de ses biens.
« Puis, survint la grande inondation d’avril 2019, le Château Beauce a subi des dégâts au sous-sol, mais rien pour mettre l’avenir des bâtiments en jeu. (...) Selon nos informations, il y eu davantage une opération de nettoyage que de remise en état. De plus, le ministère de la Culture accorda deux aides financières particulières totalisant 100 000 $ entre 2021 et 2024 », affirme le GIRAM.
Une proposition de compromis
Pour le GIRAM, la menace est claire, le déclassement mènerait inévitablement à une démolition.
« Déclasser le Château Beauce, c’est le mettre dans le collimateur de la démolition. C’est favoriser la cession pour 1,00$ à un entrepreneur qui démolira tout pour construire des immeubles locatifs à l’épreuve des inondations, mais totalement dénudés d’intégration avec l’environnement bâti du cœur historique. Déclasser le Château Beauce, c’est risquer la perte totale ou de ses caractéristiques d’un bâtiment rural important de l’architecte Jean-Omer Marchand qui en a signé les plans. », conclut l’organisme.
Plutôt que de rayer complètement le bâtiment de la carte, le GIRAM propose de maintenir le classement patrimonial de la partie la plus ancienne du château et de sa rallonge, et d’y envisager des usages comme des bureaux professionnels ou un centre d’interprétation sur les inondations. Il suggère aussi d’utiliser le reste du terrain pour du développement résidentiel, à condition que l’harmonisation avec l’environnement bâti soit respectée.
Le Conseil du patrimoine culturel dispose maintenant d’un délai pour analyser les commentaires reçus avant de soumettre son avis final au ministre Lacombe, qui devra rendre sa décision d’ici la mi-décembre.
Contactée par EnBeauce.com, la SACA n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette lettre.
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