Que se passera-t-il avec l’église de Saint-Séverin ?

Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
Au cours des derniers mois, le moulin à rumeurs s’est activé concernant l’Église de Saint-Séverin et son avenir. Le conseil de Fabrique et le conseil municipal ont invité la population à une assemblée publique le mercredi 2 juillet à l’église afin d’informer la population, mais aussi de connaître son opinion dans l’espoir que des idées sur les projets qui peuvent être fait dans l’église actuelle. Environ 70 personnes ont répondu à l’appel. Malheureusement, au terme de cette assemblée, il est difficile de dire de quel côté penche la population, tant les avis et les réactions étaient partagés.
Tout a commencé il y a quelques mois lorsque Gilles Lessard, le président de la Fabrique est allé voir le maire pour voir s’il était possible de développer un partenariat pour la survie de l’église, car la Fabrique était dans une situation financière précaire. À ce moment, le maire et le conseil municipal ont décidé de réfléchir à une façon de repenser l’église. Après une première réunion du conseil municipal et du conseil de la Fabrique, différents scénarios ont été abordés, mais aucune décision n’a été prise. Pour le maire, il était toutefois clair qu’il voulait conserver l’église au cœur du village. Il tenait donc à ce qu’une nouvelle vocation soit développée pour que l’église jouisse d’une autonomie financière totale. Un comité d’étude a aussi été formé. Outre le maire, il comprend Gilles Lessard, Marie Giguère, la directrice générale de la municipalité, Nancie Allaire du CLD et Colette Fecteau, une résidente de Saint-Séverin, entre autres.
Avant que le public ne puisse poser ses questions à la rencontre publique du 2 juillet, Rémi Gagnon, le responsable du département des Fabriques au Diocèse de Québec, a dressé un portrait de la situation de l’église de Saint-Séverin tout en présentant des projets de recyclage ou de changement de vocation pour d’autres édifices de nature religieuse. Ainsi, certaines églises sont devenues des centres communautaires, d’autres ont été démolies, alors qu’une autre est devenue un théâtre. Une église de Limoilou est même devenue une école de cirque. Monsieur Gagnon a aussi expliqué que la cotation de l’église de Saint-Séverin pour son évaluation artistique, architecturale et historique est D. Seules les églises qui ont une cote de A à C sont éligibles pour les subventions depuis 2004, alors la Fabrique ne peut espérer un coup de main de ce côté. Le coût annuel pour l’exploitation est de 21 200 $, dont 15 000 $ en chauffage seulement (et ce montant devrait être revu à la hausse dans les prochaines années). À cela, s’ajoutent des dépenses annuelles de 11 800 $ pour les salaires et les activités de pastorale ainsi que 1 710 $ pour les frais d’administration. Cela donne un total annuel de 34 710 $ alors que les revenus sont de 28 000 $. On parle donc d’un déficit de 6 700 $ par année et cela ne comprend aucune amélioration locative. Au 31 décembre 2007, la Fabrique avait un bas de laine de 24 000 $. Elle peut donc puiser dans ses réserves pendant trois ans, dans le meilleur des cas, avant le gouffre financier.
Les réactions de la population
Dès le début de la période de questions, des citoyens ont tiré à boulet rouge sur le projet. On a remis en question les rapports financiers de la Fabrique ainsi que l’investissement de 2 500 $ pour la cloche électronique. On s’est aussi plaint que les décisions étaient déjà prises et que la consultation publique n’était qu’une mise en scène puisque le maire avait déjà décidé de sauver l’église. Certains ont proposé que l’église ne soit pas chauffée l’hiver, car le budget de chauffage de l’église est très élevé. Plusieurs ont demandé à ce que le statu quo soit conservé, c’est-à-dire que l’église demeure la propriété de la Fabrique selon les conditions actuelles, ce qui, selon les principaux intéressés, est impossible. Une femme a ajouté que la population n’est pas nécessairement contre le projet de sauvegarde de l’église, mais qu’elle veut seulement éviter de voir une augmentation de ses taxes. Les réactions de la foule ont été imprévisibles. Les gens applaudissaient ceux qui se disaient contre le projet, mais ils étaient tout aussi nombreux à applaudir ceux qui le défendaient.
Un maire déçu
À la fin de la soirée, le maire Daniel Perron s’est dit déçu. « Je pensais que les gens ici avaient de la fierté. Qu’on pourrait bâtir un projet communautaire constructif. Là, on parle de démolition. Ce n’est pas vrai que Daniel Perron va regarder détruire un monument historique. Moi, je construis. Je m’attendais à quelque chose de constructif. Je viens vous voir pour vous consulter et tout ce que j’ai, c’est de la démolition alors qu’on essaie de trouver des solutions pour conserver l’église. J’aurais aimé entendre des réflexions, des points de vue sur une possibilité de partenariat. » Le maire a aussi assuré que le comité d’étude allait se pencher sur le projet. « On va proposer un projet de développement pour conserver notre patrimoine dans le cadre d’un plan de développement global qui va comprendre le Cheval à Méo et d’autres infrastructures comme la salle communautaire dans le but de rentabiliser l’église. On peut faire plein de choses dans l’église : une salle de spectacle, une salle de réception, un musée, un cinéma de répertoire, etc. Et bien sûr, le Festival du film y aura sa place. »
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