Elle a gravi l’Everest

Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
Sylvie Fréchette, qui a résidé à Sainte-Marie pendant 15 ans sur la rue Leclerc, et qui est la conjointe d’André Fortier, dentiste de Saint-Joseph-de-Beauce, a réussi à atteindre le sommet de la plus haute montagne de la planète mardi le 20 mai à 22 heures 14 (heure du Québec). En tenant compte du décalage horaire avec Népal, elle a atteint L’Everest le mercredi matin à 7 heures 54, heure locale népalaise. Madame Fréchette a aussi travaillé à la Polyvalente Benoit-Vachon comme interprète orale avec des personnes atteintes de problèmes auditifs pendant quatre ans.
Madame Fréchette, une femme de 44 ans (elle a célébré son anniversaire le 21 avril au Népal), s’est entraînée pendant deux ans, dont un an de façon plus intensive, pour réaliser cet exploit. Son plan initial était de partir à l’assaut du Cho Oyu (le sixième sommet au monde situé à 20 km de l’Everest). Quand est venu le temps de ramasser des fonds pour ce voyage (environ 28 000 $), elle s’est rendue compte que c’était assez complexe et qu’elle ne voulait pas recommencer cette tournée une deuxième fois, alors aussi bien faire l’Everest tout de suite. Elle a donc ramassé la moitié du financement et elle va amasser le reste à l’aide de conférences et de contrats de guide en haute montagne à son retour. Elle a fait son entraînement sous la direction d’Andréanne Dumont, une triathlonienne qui représente le Canada sur la scène internationale. Il s’agissait d’un entraînement exigeant qui visait à augmenter le VO2 max (la capacité de métaboliser l’oxygène). À la fin de l’entraînement, madame Fréchette avait le VO2 max d’une fille de 15 ans en forme. Pour seulement survivre au sommet du mont Everest, il faut un minimum de 15, madame Fréchette a augmenté sa capacité à 22.
Elle devient la deuxième Québécoise et la cinquième Canadienne à atteindre le sommet de la plus haute montagne du monde. L’exploit est d’autant plus remarquable que madame Fréchette ne pratique l’alpinisme que depuis cinq ans. Bien qu’elle soit biologiste de formation, elle a toujours été une grande athlète qui a pratiqué plusieurs sports. Elle a, entre autres, pratiqué le vélo de montagne. Depuis sa jeunesse, elle a toujours eu une passion pour les montagnes, mais ce n’est que récemment qu’elle a commencé l’escalade de rocher et le trekking. Après avoir rencontré Mario Dutil (qui a fait l’Everest en 2004), les choses sont devenues plus sérieuses. Avant que monsieur Dutil ne parte pour l’Everest, André Fortier l’a appelé pour pouvoir prendre un repas avec lui et sa femme. Il s’agissait d’un cadeau de fête pour cette dernière. Mais, finalement, monsieur Dutil a dû annuler à la dernière minute. À son retour, il y a eu un concours à la radio pour gagner un voyage d’alpinisme dans le Maine avec monsieur Dutil. C’est Sylvie Fréchette qui a gagné, comme quoi elle était due pour le rencontrer. Depuis, une relation d’amitié s’est développée.
Elle a monté le dernier segment en 11 heures 15 minutes, alors que ça en prend habituellement 12 heures. À la fin de son parcours, elle était à 8 850 mètres d’altitude. Au sommet de la montagne, elle avait amené des photos des membres de sa famille, de même que des lettres écrites à son père et à sa sœur jumelle décédée. Son comparse, François-Guy Thivierge, a planté un drapeau du 400e de Québec au sommet de l’Éverest.
Arrivée au Népal à la fin mars, madame Fréchette, a dû attendre jusqu’au 10 mai avant d’amorcer l’escalade. Le gouvernement chinois avait pris la décision de barrer l’accès à l’Everest pour éviter un coup d’éclat des Tibétains lors du passage de la flamme olympique.
Pour donner une idée de l’exploit accompli par madame Fréchette, imaginez que vous avec un sac de plastique sur la tête avec un trou pour laisser passer une paille et que vous deviez courir dix km. C’est l’image que donne son mari André Fortier. Il explique aussi que la dernière ascension fait environ une fois et un tiers le mont Sainte-Anne. Madame Frechette met 50 minutes à monter le Mont Sainte-Anne… et elle a pris 11 heures et 15 pour monter le dernier segment de l’Everest, car, à cette altitude, tout doit se faire plus lentement. L’ascension est d’autant plus dure, que les alpinistes ont peu ou pas dormi lors des deux nuits précédentes et qu’ils doivent faire le dernier segment de nuit et ensuite prendre huit heures pour redescendre en sécurité. Cela fait donc trois nuits sans sommeil ou presque. Le corps vit alors un stress immense.
L’alpiniste devrait revenir au Québec le 7 juin. Son mari a bien hâte de la voir et il s’attend de la voir transformée. « J’ai fait le Kilimanjaro avec elle et, à mon retour, j’étais différent. J’ai diminué mes heures de travail pour passer plus de temps avec ma femme et mes enfants. Les priorités changent. »
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