La société est confrontée à une crise existentielle
Ottawa demande à Postes Canada d’entamer sa transformation
S'appuyant sur les recommandations de la commission d’enquête sur les relations de travail, qui a cerné l’ampleur des difficultés de Postes Canada, «qui est confrontée à une crise existentielle», le gouvernement fédéral vient d'annoncer une série de mesures, visant à stabiliser les finances de la société et à permettre sa modernisation.
C'est le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound, qui a les a dévoilées aujourd'hui en conférence de presse.
Il a notamment rappelé que depuis 2018, la société a accumulé plus de 5 milliards de dollars de pertes. Rien qu’en 2024, elle a affiché des pertes de plus d’un milliard de dollars, et en 2025, elle est déjà en voie d’enregistrer des pertes de près de 1,5 milliard de dollars.
Plus tôt cette année, le gouvernement fédéral a injecté un milliard de dollars dans la société pour maintenir son fonctionnement. Au deuxième trimestre de 2025, Postes Canada a enregistré les pires résultats trimestriels de son histoire, affichant une perte de 407 millions de dollars. Aujourd’hui, la société perd environ 10 millions de dollars chaque jour.
Il y a 20 ans, Postes Canada livrait 5,5 milliards de lettres par année. Aujourd’hui, elle n’en livre plus que 2 milliards, alors même que le nombre de ménages a augmenté. En 2019, Postes Canada a livré 62 % des colis au Canada; aujourd’hui, sa part de marché est tombée sous la barre des 24 %, et les concurrents privés occupent désormais la plus grande part du marché.
Cette situation n’est plus viable, a indiqué le ministre Lightbound: «Postes Canada est effectivement insolvable, et les renflouements à répétition ne sont pas une solution à long terme. Une transformation est nécessaire pour assurer la survie de Postes Canada et protéger les services sur lesquels comptent les Canadiens.»
Les principales mesures sont les suivantes:
Normes de livraison du courriel: Postes Canada mettra en place plus de souplesse pour tenir compte des volumes plus faibles d’aujourd’hui. En moyenne, chaque foyer ne reçoit que 2 lettres par semaine, mais le fonctionnement de la société demeure conçu pour des volumes beaucoup plus élevés. En ajustant les normes pour que le courrier non urgent puisse être acheminé par voie terrestre plutôt que par voie aérienne, la société économisera plus de 20 millions de dollars par année.
Transition aux boîtes postales communautaires: Le gouvernement lève le moratoire sur la transition aux boîtes postales communautaires. À l’heure actuelle, les trois quarts des Canadiens reçoivent déjà leur courrier dans des boîtes postales communautaires, des casiers d’immeubles ou des boîtes postales rurales, tandis que le quart des Canadiens reçoivent encore un service de livraison à domicile. Postes Canada sera autorisée à convertir les 4 millions d’adresses restantes en boîtes postales communautaires, ce qui permettra de générer des économies annuelles de près de 400 millions de dollars.
Modernisation du réseau postal: Le moratoire sur les bureaux de poste en milieu rural, en vigueur depuis 1994, sera également levé. Le moratoire rural a été imposé en 1994 et couvre près de 4 000 localités. Il n’a pas évolué depuis 30 ans, mais le Canada a changé. Ainsi, les régions qui étaient autrefois rurales sont possiblement maintenant suburbaines, voire urbaines, mais elles sont encore tenues de fonctionner comme des bureaux de poste ruraux. Postes Canada doit présenter au gouvernement un plan visant à moderniser et à redimensionner son réseau.
Le gouvernement examine également le processus d’augmentation du prix du timbre afin de moderniser et de raccourcir le processus, toujours conformément aux recommandations du commissaire Kaplan.
«Postes Canada est une institution nationale vitale qui mérite d’être préservée. Les mesures annoncées aujourd’hui contribueront à améliorer la situation financière de la société et lui procureront la souplesse dont elle a besoin pour s’adapter à un contexte qui évolue rapidement», a conclu le ministre responsable de la société d'État.
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