Pier Dutil
J'ai 80 ans

Par Pier Dutil
Lors de ma chronique du 30 juin dernier vous faisant part de ma pause estivale, je vous annonçais mon retour pour le 25 août en mentionnant que cette date était retenue pour une raison précise que je prenais soin de ne pas divulguer.
Eh bien, à la lecture de mon titre, vous savez maintenant pourquoi j’avais retenu cette date. En ce 25e jour d’août de l’an de grâce 2025, je célèbre mon 80e anniversaire.
Je parle rarement de moi dans mes chroniques, mais, aujourd’hui, je me le permets. Une fois en 80 ans, il n’y a pas d’abus. N’est-ce pas?
Ça ne me dérange pas
Avoir 80 ans aujourd’hui même signifie que je suis né en 1945, un samedi aux environs de 13 h 00, selon ma défunte mère. Ça signifie également que je séjourne sur la planète terre depuis 29 220 jours. Vu globalement, ce chiffre donne l’illusion que ça fait longtemps, pourtant, j’ai l’impression que ça ne fait pas si longtemps.
Je dois vous avouer qu’avoir 80 ans ne me traumatise pas du tout. Cependant, devenir octogénaire m’agace quelque peu.
J’ai le privilège de vieillir en santé, enfin de ne pas être victime de maladies susceptibles d’affecter mon quotidien. Comme tout le monde, il m’arrive de ressentir quelques bobos de temps en temps, mais rien pour me plaindre. Une amie m’avait dit un jour :
«Pier, à compter de 75 ans, si tu n’as aucun bobo, c’est parce que t’es mort.» Pas trop encourageant, mais réaliste.
J’ai aussi la chance d’avoir encore toute ma tête, même si certains peuvent en douter à l’occasion. Jouir de ses facultés cognitives à 80 ans est un privilège et j’en suis parfaitement conscient.
En faisant mon entrée dans le club des 80 ans, je constate également que je me retrouve dans le groupe où l’on compte désormais le plus de décès. Mais, que voulez-vous, l’être humain est mortel. En venant au monde, notre compte à rebours nous menant vers la mort s’enclenche. Cependant, même si je sais que je vais mourir un jour, je me dis que ça ne presse pas.
Vieillir, un privilège
Vieillir en santé est un privilège. Je connais plusieurs personnes qui sont traumatisées à l’idée de vieillir. Pourtant, quoi que l’on fasse, personne n’y échappe.
Le mot vieux en rebute plusieurs, mais ça ne devrait pas. Pour camoufler leur âge, au lieu de dire qu’ils ont 80 ans, certains préfèrent avancer qu’ils sont jeunes depuis 80 ans ou encore qu’ils ont quatre fois 20 ans. Si cela leur fait du bien, tant mieux, mais la réalité finira un jour par vous rattraper.
À 80 ans, il est certain que j’ai plus de souvenirs que de projets, mais cela ne m’empêche pas d’avoir encore des projets. Je me dois cependant de les adapter à ma condition.
Une belle vie
Jusqu’à date, je dois reconnaître que j’ai eu une belle vie. Je suis né au sein d’une bonne famille. J’ai toujours maintenu de bonnes relations avec mon frère et mes deux sœurs, même si cela ne veut pas dire que nous étions toujours d’accord. J’ai pu faire les études que je rêvais de faire même si mon parcours scolaire a été plutôt atypique.
Sur le marché du travail, j’ai occupé 11 emplois différents au cours de mes 32 années de carrière, dont 22 au sein du Groupe Canam Manac. Et de tous ces emplois, un seul ne m’a pas plu et je me suis organisé pour qu’il ne dure pas trop longtemps, soit à peine 10 mois. Le monde du travail m’a vite appris qu’il n’y a que dans le dictionnaire où succès vient avant travail. Aujourd’hui, je jouis d’une retraite fort agréable depuis 22 ans et deux mois.
J’ai aussi eu la chance de partager une vie de couple avec la même conjointe, même si notre parcours n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Durant les hauts et les bas, nous avons toujours su conserver l’un envers l’autre un certain respect. C’est probablement pour ça que ça dure depuis 59 ans, dont 54 ans de mariage.
Tout au long de mes années, j’ai eu la chance de mettre les pieds dans 42 pays sur quatre des cinq continents. J’ai pu constater à quel point nous bénéficions d’un niveau de vie très enviable au Québec et au Canada. Je peux comprendre pourquoi tant de personnes qui éprouvent de la misère dans leur pays rêvent de venir s’établir ici.
Mais je constate aussi que ce niveau de vie intéressant n’est pas garanti à vie. Il nous appartient de le préserver. On chiale souvent et parfois avec raison, mais lorsque l’on analyse le bilan de nos conditions de vie dans leur globalité, nous n’avons pas grand-chose à envier aux autres, où qu’ils se trouvent.
Prochaine étape
Au cours de mes 80 ans, j’ai habité dans 11 résidences différentes réparties dans quatre villes québécoises. Et, d’ici la fin de 2025, je m’apprête à déménager dans une douzième demeure, un condo locatif situé en plein centre-ville à Saint-Georges. Ce sera un logement mieux adapté à mes besoins actuels et futurs.
Que me réservent les prochaines années? Je ne le sais pas et c’est bien ainsi. Je ne crains pas de mourir, même si, comme je l’ai écrit auparavant, ça ne presse pas. Mais une chose est certaine, je ne vise pas à ajouter des années à ma vie, mais plutôt à ajouter de la vie à mes années.
Voilà, j’ai profité de mon 80e anniversaire pour vous permettre de mieux me connaître. À part quelques détails juteux dont j’ai choisi de vous épargner, vous en connaissez presque aussi long que moi sur ma propre vie.
Je vous promets de ne plus recommencer.
En passant, malgré mes 80 ans, j’éprouve encore beaucoup de plaisir à partager mes opinions avec vous sur divers sujets sur une base hebdomadaire grâce à l’accueil que me réserve EnBeauce.com. Cette chronique est la 586e et je ne sais quand cela s’arrêtera. En fait, je le sais. Tout ça prendra fin quand ça ressemblera à du travail plutôt qu’à du plaisir.
Courage
Il ne reste que 1 253 jours au mandat de Donald Trump.
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