Cyprienne «Cipi» Morin Morissette
Décès de l'instigatrice de la Maison Catherine de Longpré

Par Salle des nouvelles
En collaboration avec Yvon Thibodeau
En hommage à Cyprienne Morin Morissette, instigatrice et cofondatrice de la Maison Catherine de Longpré, décédée le 15 mars à l'âge de 98 ans, EnBeauce.com reproduit de larges extraits d'une entrevue réalisée il y a près de 15 ans par Yvon Thibodeau, alors journaliste pour une publication locale. Dans ce récit il rappelle que, outre son dévouement au centre de soins palliatifs établi à Saint-Georges, la dame s'est impliquée auprès de divers et nombreux organismes de la région, en plus d'en mettre plusieurs sur pied.
Contrairement à certaines personnes qui donneront quelques heures de leur temps ou de leur argent, à condition que leur bénévolat soit dûment reconnu par leur communauté, en exigeant par exemple que leur photo soit publiée dans les médias, certaines autres préféreront travailler dans l'ombre, ce qui fait que leur travail aura encore plus de valeur aux yeux de ceux et celles qui bénéficieront de leur don de soi.
C'est notamment le cas de madame Cyprienne Morin Morissette. Il y a quelques années, alors que je travaillais comme journaliste pour une publication locale, je vous avoue que j'avais dû user de tout mon pouvoir de persuasion afin de convaincre cette dame pour qu'elle me donne la permission de réaliser un reportage sur sa vie. Je vous en présente aujourd'hui quelques extraits.
«Il y a plusieurs autres personnes qui mériteraient cet honneur, car si j'ai décidé de consacrer plusieurs années de ma vie à aider les autres, je l'ai fait parce que j'aimais ça », m'avait-t-elle avoué en début d'entrevue.
Mme Cyprienne Morin, épouse de Marcel Morissette, vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, est la filleule de Soeur Saint-Cyprien de Carthage (Emma Fortin), missionnaire en Inde durant 39 ans, et du Père Cyprien Fortin, Père du Sacré-Coeur, fondateur d'une Mission en République Dominicaine. Delà lui vint probablement son prénom.
J'ai eu le plaisir de faire la rencontre de «Cipi» lors des campagnes électorales, ou encore lors d'activités reliées à la Maison Catherine de Longpré. À chaque fois que je me rendais chez-elle, j'étais toujours étonné de constater que cette dernière était, ou bien en train de rédiger des lettres de remerciement aux bénévoles ou donateurs, ou encore occupée à préparer des activités pour les bénévoles de toutes catégories. La paperasse qui était présente sur sa table de cuisine constituait une preuve que cette dame n'arrêtait jamais, et je me demandais toujours où cette dernière puisait toute l'énergie qui l'habitait.
De plus, Cyprienne compte parmi les cinq meilleures peintres que j’ai eu l’occasion de connaitre lors de mes 10 années passées dans le bureau de direction d’Artistes et Artisans de Beauce, ou du centre d’art Saint-Georges. J’ai l’honneur d’avoir sur les murs de mon salon deux de ses toiles qu’elle m’avait remises en cadeau, et dont je suis très attaché.
Quand on aime faire du bénévolat
Son implication sociale a débuté dès l'âge de 12 ans, lorsqu'on lui demanda de vendre des billets de loterie pour les Chevaliers de Colomb, ce qui fut probablement l'élément déclencheur qui lui donna l'idée de fonder la loterie de Catherine de Longpré 50 ans plus-tard.
Elle fit entre autres partie du mouvement des Croisées, des Lacordaires, de la Brigade de l'Ambulance Saint-Jean, des Filles d'Isabelle, et du Club de golf Saint-Georges en tant que présidente et capitaine de la section féminine.
En 1984, elle fonda le Club Inner Wheel, lequel était constitué par les épouses des membres du Club Rotary. Elle fut également vice-présidente du comité des fêtes soulignant l'anniversaire de la fusion des deux villes de Saint-Georges.
Mme Morissette fraya même dans le monde de la politique. D'allégeance fédéraliste, elle s'impliqua lors du référendum de 1980 dans le comité du NON, et en 1995 dans celui du OUI. Le monde municipal lui a également permis de se joindre à l'équipe de bénévoles des députés Hermann Mathieu et Paul-Eugène Quirion. Il en fut de même lors de l'élection à la mairie de celui qui deviendra plus-tard ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil.
Début 2000, elle fonda l'organisme CESSE, dont le but est de venir en aide aux enfants victimes d'abus sexuels ou physiques. Alors que son époux Marcel occupait le poste de Gouverneur du Club Rotary International, et en collaboration avec le président de la République Dominicaine Salvador Jorge Blanco, et l'aide des Clubs Rotary, elle a aussi participé au projet ayant comme objectif de creuser 11 puits artésiens, destinés à alimenter plusieurs villages.
Et Catherine dans tout ça?
«Comment en êtes-vous arrivée à fonder la Maison Catherine de Longpré?»
«Le tout a débuté par une invitation faite par le club Inner Wheel à Mme Yolande Désilets-Bonenfant, porte parole de la Maison Michel Sarrazin. Lors de sa conférence, cette dernière nous fit part des problèmes reliés à la liste d'attente de cette résidence, dont le but consistait à donner des soins palliatifs aux personnes atteintes de cancer, qui étaient en phase terminale».
L'idée de fonder une telle maison pour notre région germa alors dans la tête de Mme Morissette, qui s'empressa de rejoindre la majorité des maires des localités environnantes, de même que les présidents des divers clubs sociaux, afin de leur demander s'ils seraient intéressés par l'éventualité de fonder une telle maison, et s'ils pouvaient par le fait même y apporter un soutien financier? La réponse ne se fit pas attendre, car tous avaient conclu à la nécessité de donner suite à ce projet. Les gens impliqués dans le processus visitèrent donc la Maison Michel-Sarrazin de Québec, ainsi que quelques hôpitaux qui possédaient des unités de soins palliatifs, notamment le Royal Victoria et l'hôpital Notre-Dame à Montréal, ainsi que ceux de Sherbrooke et de Trois-Rivières.
Des gens impliqués
La participation de plusieurs bénévoles fut nécessaire, et parmi ces derniers, il ne faudrait surtout pas oublier le magnifique travail de Mme Louise Sévigny, ex-pharmacienne au CHBE, du Dr. Denys Breton, médecin, des Soeurs Augustines, ainsi que l'appui et l'aide du PDG du Groupe CANAM, M. Marcel Dutil.
Lors de la Grande Corvée, ayant comme but de recueillir un montant d'argent destiné à mettre en branle ce projet, une somme de plus de 2 millions de $ fut amassée. Quant à la loterie annuelle, fondée par Mme Morissette, son succès est dû en grande partie aux responsables desservant 54 paroisses, et à la très grande générosité de la population.
La Maison Catherine de Longpré a ouvert ses portes le 16 novembre 1989. En 2016, elle a déménagé dans de nouveaux locaux beaucoup mieux adaptés et plus accueillants. Près d'une centaine de bénévoles donnent généreusement de leur temps afin d'aider le personnel infirmier, en donnant les soins de base aux patients, ou en travaillant à la réception.
«Quel est votre plus grand désir?» lui ai-je demandé en fin d'entrevue. «Je souhaite que la Maison Catherine de Longpré demeure en fonction aussi longtemps qu'il y aura des malades qui auront besoin de celle-ci, pour leur permettre de quitter ceux qu'ils aiment sereinement et dans la dignité.»
Texte: Yvon Thibodeau — Parution originale dans Beauce Magazine en 2011
N.D.L.R. — Cyprienne Morin Morissette sera exposée au salon Astral du Parc commémoratif Chaudière-Appalaches de Saint-Georges, le samedi 29 mars, de 14 h à 16 h et de 19 h à 21 h, ainsi que dimanche le 30 mars à compter de 10 h. Ce même jour, un hommage en sa mémoire sera célébré à 14 h en la chapelle de l'endroit et de là, au crématorium du Parc commémoratif Chaudière-Appalaches.
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