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À l'Ultra-Trail Harricana

Justin Rodrigue : 125 km pour repousser ses propres frontières

durée 18h00
23 septembre 2025
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Germain Chartier
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Par Germain Chartier, Journaliste

À 19 ans, Justin Rodrigue, un jeune athlète originaire de Saint-Georges, a accompli un exploit dont il se souviendra toute sa vie : compléter l’Ultra-Trail Harricana de 125 km (UTHC 125), l’un des ultra-marathons les plus exigeants du Québec.

Une traversée de montagnes, de nuits froides et d’émotions vives, qui l’a mené bien au-delà de la ligne d’arrivée. Pour EnBeauce.com, Justin Rodrigue revient sur cette très belle performance.

Tout a commencé six mois plus tôt, lorsque le jeune athlète décide de repousser ses limites et de se lancer dans ce défi hors norme. Pour y parvenir, il met sa vie sur pause. « J’ai passé deux à trois mois dans l’Ouest canadien, à courir dans les Rocheuses tous les jours. Je faisais beaucoup de dénivelé et de longues randonnées. »

Mais cette implication n’est pas sans coût. « J’ai dû sacrifier des moments avec mes amis, mettre un peu le travail de côté… C’était difficile de trouver un équilibre entre la vie sociale, l’entraînement et la job. » Pour Justin, l’objectif était clair : franchir la ligne d’arrivée. Peu importe le temps. « Ce n’était pas une option d’abandonner. Même si je devais marcher, avancer lentement, je voulais terminer. »

Une traversée humaine, entre solitude et entraide

Le jour J, il prend le départ avec une volonté inébranlable, le cœur rempli d’émotions. Sur le parcours, il croise son ami Éloi avec qui il partage les premiers kilomètres. Puis vient la première montée importante, celle des Morios, et les premiers pépins. « Un de mes bâtons était brisé, je devais me débrouiller avec un seul. Les sentiers étaient très techniques. »

Au sommet, le spectacle d’un coucher de soleil lui donne un peu de répit jusqu’à ce qu’une chute brutale en descente vienne lui rappeler que cette course ne ferait « aucun cadeau ».

Au 35e kilomètre, il retrouve son équipe de soutien, présente à différents points de ravitaillement tout au long du parcours. Leur énergie, leur présence et leur regard le pousse à continuer. « C’est ce que je retiens en premier de cet événement c'est l'encadrement. Mes amis étaient là et c'était vraiment cool. »

Et puis, il y a les autres coureurs. Olivier, avec qui il affronte un long segment de nuit. Naomi, qui lui permet de tenir. « Elle m’a dit : ‘let’s go, embarque avec moi’. Et on a couru ensemble. Parfois, juste être aux côtés de quelqu’un, ça te donne l’élan de continuer. »

Puis vient Mathieu, un coureur qu’il rencontre par hasard et avec qui il termine la course de nuit. « Dans un ultra, c'est très rare que ça aille bien durant une course au complet. On parle souvent de la "pain cave" (caverne de la douleur en français) qui est un moment très difficile où tu te demandes ce que tu fais là et tu n'as plus de motivation. Puis quand tu es tout seul, tu creuses, tu creuses et tu t'en vas toujours plus profond dans ta tête, mais il faut éviter de se rendre là. Donc quand tu es deux, c'est plus facile de traverser ça et de s'encourager ». 

Chaque pas comme un acte de solidarité

Au-delà de l’exploit sportif, Justin a donné à sa course une portée humaine plus grande. Il a couru en hommage aux personnes atteintes de SLA (sclérose latérale amyotrophique), une maladie neurodégénérative incurable. Cette cause, il l’a découverte à travers son amie Charline, dont le père, Vincent Bourque, est décédé de la maladie. Une fondation a été créée en son nom, et c’est à elle qu’il a voulu dédier son effort.« Je voulais transformer ce défi personnel en quelque chose de plus grand. […] Je voulais inspirer le plus de gens possible en courant. »

À partir du 90e kilomètre, Justin sent une nouvelle énergie monter en lui et se met à courir plus fort, plus vite, dépassant coureur après coureur. « Mes jambes répondaient. Je volais. À ce moment, je savais que je ne courais pas seul : toutes les pensées, tous les encouragements de mon équipe, de mes proches et de ceux qui me soutiennent se transformaient en énergie. Chaque pas devenait un acte de courage et d’espoir pour les personnes atteintes de la SLA et leurs familles. »

Après plus de 26 heures d’effort, il franchit enfin la ligne d’arrivée. « On a tous nos propres frontières. Pour moi, c’est essentiel de sortir régulièrement de sa zone de confort, de repousser ses limites, pas de les dépasser forcément, mais de les élargir petit à petit. C’est comme ça qu’on évolue. »  

Un esprit tourné vers l’avenir

L’Ultra-Trail Harricana n’aura pas été une fin, mais un commencement. À peine remis de cette épreuve, Justin se prépare à un autre défi : atteindre le camp de base de l’Everest au Népal. Il s’envolera le 10 octobre pour une expédition de plusieurs jours, à plus de 5300 mètres d’altitude. « C'est à partir de là que les alpinistes commencent leur ascension pour tenter le sommet de l'Everest. Juste pour se rendre au camp de base, c'est une soixantaine de kilomètres sur plusieurs jours de randonnée. Il faut s'acclimater à l'altitude, ce qui est pour moi le plus gros défi dans cette aventure. »

Et après ? D’autres courses, d’autres idées, peut-être des défis hivernaux. Mais ce que Justin retient surtout, c’est la force qu'il a eu de se dépasser. « Cette course restera gravée comme le moment où j’ai franchi bien plus que des kilomètres : j’ai franchi mes propres frontières ».

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