Fourrer le gouvernement
Pier Dutil
FOURRER LE GOUVERNEMENT
Si je vous demandais quel est le sport national préféré des Québécois, il y a fort à parier qu’une large majorité me répondrait : le hockey.
Eh bien non! Vous êtes dans l’erreur. Le sport national des Québécois c’est de fourrer le Gouvernement afin de ne pas payer ou de payer le moins possible de taxes et d’impôts.
Chez les particuliers
Si vous devez faire des travaux mineurs d’entretien ou de rénovation à la maison comme, par exemple, le simple fait de repeindre un appartement ou de réparer un bris quelconque et si, comme moi, vous n’avez aucuns talents pour le bricolage, vous devez faire appel à quelqu’un de l’extérieur.
Le premier problème que vous risquez de rencontrer, c’est d’abord de trouver quelqu’un qui acceptera de faire le travail. En deuxième lieu, si jamais quelqu’un accepte, lorsque vous lui demanderez combien ça risque de vous coûter, vous aurez droit à deux réponses : ce sera tant si tu paies «cash» ou le double si tu veux une facture ou si tu paies par chèque.
Je vous avoue bien candidement qu’il m’est arrivé comme bien d’autres, de répondre que je paierai «cash».
Mais, en choisissant cette option, j’ai été complice d’une fraude à l’égard du Gouvernement puisque le travailleur qui a effectué les travaux n’a certainement pas déclaré ce revenu à l’État lors de la préparation de son rapport d’impôt et ni lui, ni moi n’avons payé les taxes reliées à ces travaux.
On finit tous par se dire que ce n’est pas grave, que ce n’est pas un si petit montant qui va faire une différence dans les revenus de l’État.
Mais, là où ça devient important, c’est quand l’ensemble des citoyens réagit comme moi. Le facteur multiplicateur prend alors toute son importance et le petit montant que j’ai sauvé, multiplié par des milliers d’autres, finit par faire un manque de revenus important pour le Gouvernement.
Chez les entreprises
Les particuliers ne sont pas les seuls à pratiquer ce sport. De nombreuses entreprises sont également adeptes de cette pratique et, dans ces cas, on ne parle plus de sommes insignifiantes; on parle de milliards de dollars en évitement ou en évasion fiscal.
Au cours des dernières années, plusieurs enquêtes journalistiques ont révélé l’ampleur de ce mouvement et le laxisme du Gouvernement canadien.
Permettez-moi d’abord de préciser qu’il y a une différence entre l’évitement fiscal et l’évasion fiscal. Le premier est tout à fait légal, alors que la seconde est illégale.
L’évitement fiscal consiste à créer une filiale ou une division dans un pays où les impôts sont réduits au maximum, voire même inexistants. On y transfère alors d’importants revenus sur lesquels on ne paie presque rien et cela en toute légalité. À titre d’exemples, des pays européens comme Monaco et le Liechtenstein permettent cette pratique. Mais, je me dois d’ajouter que tout ce qui est légal n’est pas automatiquement légitime.
Pour sa part, l’évasion fiscale consiste tout simplement à cacher sciemment des revenus afin d’éviter de payer des impôts. Plusieurs pays à travers le monde se prêtent à ce jeu dont plusieurs petites îles comme les Bahamas et les îles Caïmans.
Ce dernier pays est un exemple typique d’un paradis fiscal. Il ne compte qu’à peine plus de 60 000 habitants, soit un peu moins de deux fois la population de Saint-Georges et pourtant, on y retrouve plusieurs milliers d’entreprises qui y sont enregistrées, sans pour autant y brasser des affaires.
Lors d’une visite touristique aux îles Caïmans, notre guide se faisait un plaisir de nous montrer un édifice moins gros que celui du Groupe Canam à Saint-Georges, édifice qui abritait plusieurs centaines d’entreprises dont la seule installation consistait en un casier postal. Cela était suffisant pour considérer avoir un pied-à-terre dans ce pays et ainsi éviter de payer des impôts.
Lors de cette même visite, j’avais été renversé de constater que la majorité des grandes institutions financières canadiennes étaient présentes sur cette île. Que voulez-vous, il faut bien suivre ses clients!
Le laxisme d’Ottawa
Alors que plusieurs révélations ont été faites au cours des dernières années, notamment lors de la publication des «Panama papers» qui ont permis de dévoiler les noms de milliers d’individus et d’entreprises qui se livraient illégalement à de l’évasion fiscale, le Canada n’a pas bougé, ou si peu.
Des montages financiers réalisés par d’importantes firmes comptables ont permis à leurs clients d’éviter de payer des impôts. En retour, le Gouvernement fédéral a offert l’amnistie à une vingtaine de multimillionnaires s’ils acceptaient de ramener leurs placements au pays, sans aucunes pénalités. Quant aux firmes comptables qui ont créé ces montages financiers, ils n’ont même pas eu droit à une tape sur les doigts.
Et pourtant…
Alors que les particuliers et les entreprises font tout ce qu’ils peuvent pour fourrer le Gouvernement, lorsque survient une crise comme celle que nous vivons présentement avec la COVID-19, tout ce beau monde se tourne vers ce même Gouvernement pour réclamer de l’aide.
Après avoir évité de payer son dû, voilà que l’on souhaite tous téter la mamelle gouvernementale.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine aux particuliers et aux entreprises qui s’adonnent à l’évitement ou à l’évasion fiscal :
2 commentaires
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Personne n’a à se confesser d’avoir travaillé au noir ou payé cash.
Le meilleur exemple, nous l’avons eu cette semaine.
On a annoncé que le gouvernement allait prêter $200 000 000.00 US, $200 millions US, soit $280 000 000.00 Ca, $280 millions Canadien, au Cirque du Soleil, une entreprise en faillite et sans avenir dans les circonstances.
« $280 millions, on ne trouve pas ça dans la poche d’un chien ! ».
On veut sauver un « Pleuron Kebecois ! »
Pas plus tard que le 15 février 2020, alors que l’on parlait du Virus de la Couronne en Chine et en Europe, la Caisse de dépôt achetait 10% des actions restante de Guy Laliberté du Cirque du Soleil soit plusieurs millions $, juste avant que l’entreprise ne s’effondre. Laliberté a déposé ce montant dans un Casier Postal au Caïmans.
Il est aussi installé sur une île paradisiaque du Pacifique, d’une valeur de plusieurs millions $, où il loue des motels meublés à plus de $25 000.00 la nuit…
Les actionnaires du Cirque du Soleil ont vidé le compte de l’entreprise. Ils se sont donné des dividendes et des bonus. L’organisme à près d’un milliard $ de dettes.
Le Cirque du Soleil, on appelle ça un autre « Pleuron Kebecois ».
Depuis près de trois mois, les gouvernements ne siègent pas. Il n’y a pas d’opposition pour poser des questions et protéger l’argent de nos Impôts.
Des décisions sont prises en catimini sans que les journalistes en disent un mot. On se retrouve avec des décisions secrètes.
Connaissez-vous une entreprise, un organisme de charité ou de bienfaisance avec un conseil d’administration qui prenne une décision sans consulter. Toutes les dépenses doivent être approuvées par le conseil d’administration. Cette semaine, on parle de $280 millions.
Question : Est-ce que nos deux députés de la Beauce ont voté pour ça ?
Pourquoi le Cirque du Soleil ne trouve pas une Banque ou des investisseurs privés pour prêter $280 millions ? Le risque de perte est trop important.
Autre sujet, rapport d’impôt.
La majorité des contribuables ne font pas leur déclaration d’impôt eux-mêmes. Ils ne savent donc pas ce qu’elle comporte. Ils doivent la faire compléter par un comptable ou une agence parce que trop compliqué.
Imaginez, le guide d’impôt de 2019, pour expliquer tous les programmes, contient 114 pages et le cahier des formulaires et annexes compte 84 pages soit un total de 198 pages. Au début des années 1970, la déclaration d’impôt comptait une dizaine de pages incluant le guide. De plus dans les premières pages du guide 2019, on nous annonce que l’on peut bénéficier de 75 déductions et de 50 crédits d’impôt ! Total 125.
Ça prend donc des milliers de fonctionnaires, pour gérer tous ces programmes inutiles. Il faut prévoir des bureaux, des salaires des avantages du papier etc., pour tout ce monde.
Tout gérer ces programmes, coûte probablement 25% à 30% de l’impôt que l’on paie.
C’est donc dire que : Quand on envoie $1 000.00 au Ministère du revenu sur la Rue de Marly à Sainte-Foy, il en revient $700.00 à $800.00 en service.
Il faut abolir tous ces programmes et vider les tours à bureaux. Tous ces travailleurs pourraient être plus utiles dans les CHSLD par les temps qui courent !
Au lieu de maintenir ces programmes inutiles et coûteux, il serait sage de valoriser le travail au noir et le cash.
Pas besoin de se confesser.
Pour ceux qui sentirait quand même le besoin de se confesser, il faut se rappeler que : Le secret de la confession, c’est plus « safe » qu’une confidence !
Rolland Bouffard
Sainte-Marie