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«Allez, libérez vos seins»

durée 18h00
13 juin 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

«ALLEZ, LIBÉREZ VOS SEINS»

De grâce, ne me lancez pas de pierres, la citation qui sert de titre à cette chronique n’est pas de moi. Elle n’est pas non plus celle d’un adepte du voyeurisme qui rêve de voir les femmes se promener seins nus. À ma grande surprise, cet appel à la libération des seins provient d’Isabelle Charest, Ministre de la Condition féminine du Québec.

UNE PRATIQUE PERMISE

L’appel de la Ministre Charest faisait suite à un incident survenu quelques jours plus tôt dans un parc de la Ville de Québec. Profitant d’une belle et chaude journée de printemps, Éloÿse Paquet Poisson, une jeune femme de 21 ans, a décidé de flâner dans le parc du Jardin Jean-Paul L’Allier les seins à découvert. Tout simplement.

Mais voilà que des policiers municipaux ont décidé d’intervenir en demandant à la jeune femme de bien vouloir recouvrir ses seins, ce qu’elle a refusé de faire. Madame Paquet Poisson a rétorqué qu’elle avait parfaitement le droit d’agir ainsi et que cela était une pratique permise.

En effet, à ma grande surprise, il n’est pas interdit aux femmes de se promener dans des lieux publics seins nus, en autant que le tout ne s’accompagne pas d’actions «indécentes», ce qui n’était pas le cas. La jeune Québécoise a donc pu continuer à profiter de la belle journée en toute liberté.

UNE CAUSE VITE RÉCUPÉRÉE

Vous vous doutez bien que ce petit incident n’allait pas en rester là. Aussitôt, une Montréalaise, Alice Lacroix, a pris le ballon au rebond et a décidé d’organiser une grande manifestation d’appui pour en faire une cause féministe à défendre.

Ainsi, dimanche prochain, le 19 juin, aura lieu à Montréal une manifestation au cours de laquelle on invite les femmes à s’afficher les seins nus. Le tout se déroulera au Parc du Mont-Royal, là où se réunissent des joueurs de tam-tam qui égaient la foule tous les dimanches. Musique entraînante, danse et seins nus, tous les éléments seront présents pour faire de cette journée une grande célébration.

Madame Lacroix déclarait : «Pour moi, cette action-là, c’est aussi prendre le contrôle de notre corps en tant que femme.»

UNE QUESTION VITALE

Chers amis.es, oubliez la pandémie, oubliez la guerre en Ukraine, oubliez l’augmentation du coût de la vie et ne pensez pas aux élections provinciales à venir car, présentement au Québec, la question vitale, la cause à défendre à tout prix est le droit des femmes de se promener seins nus dans les lieux publics.

Quant aux voyeurs, plus besoin de fréquenter les bars de danseuses nues ou de visionner des films pornos, vous n’avez qu’à vous rendre dans les parcs du Québec en espérant rencontrer des femmes aux seins nus.

Les tenantes de cette pratique affirment que si les hommes ont le droit de se promener la poitrine nue, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les femmes?

UNE SIMPLE QUESTION D'HABITUDE

Si la question en titille certains, il faut reconnaître qu’ailleurs dans le monde, notamment en Europe et en Afrique, il est commun d’observer des femmes seins nus sur les plages autour des piscines ou dans les parcs.

Jusqu’à date, cela n’est pas dans les mœurs au Québec et même en Amérique du Nord. J’ai encore en mémoire le scandale créé par Janet Jackson lors du spectacle de la mi-temps au Super Bowl de 2004 lorsque Justin Timberlake lui avait dévoilé un sein, supposément par accident. Depuis que le monde est monde, les mœurs sont appelées à changer. Autant se faire à l’idée.

Je me permets de vous faire part d’une expérience personnelle que j’ai vécue dans les années 80, alors que je participais à une foire industrielle à Dakar au Sénégal. 

Installé à mon hôtel, je me rends à la plage et à la piscine où je constate avec surprise que la presque totalité des femmes ont les seins nus. Peu habitué par cette pratique, je vous avoue bien humblement que je regrettais de ne voir que d’un seul œil (oui, je suis aveugle d’un œil depuis ma naissance).

Au cours des premiers jours, je craignais de manquer d’espace dans mon maillot. Mais, et je vous jure que c’est vrai, après deux ou trois jours, je ne remarquais pratiquement plus ce phénomène et j’avais retrouvé tout l’espace nécessaire dans mon maillot. 

Si certains modèles attiraient parfois mon attention, d’autres auraient eu avantage à porter la partie haute de leur bikini, car la loi de la gravité faisait son oeuvre.

À l’issue de mon séjour, j’en suis venu à la conclusion qu’un cadeau, c’est souvent plus beau lorsque c’est emballé, surtout quand je songe au plaisir que j’aurai à le déballer.

Je puis déjà m’imaginer ce qui se passera dimanche prochain à Montréal, la couverture à venir des médias et la présence de nombreux voyeurs. On en fera tout un plat et on ne saura plus à quel saint se vouer.

Mais, en fin de compte, si la pratique n’est pas interdite, si des femmes décident librement d’arborer en public leurs seins, c’est à elles et à elles seules qu’appartient la décision.

Je me permets de vous informer que je ne prévois pas me rendre à Montréal dimanche prochain. Et vous?

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PENSÉE DE LA SEMAINE

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