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Un show de boucane

durée 18h00
24 octobre 2022
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

UN SHOW DE BOUCANE

Les urgences des hôpitaux québécois débordent, notre panier d’épicerie coûte de plus en plus cher, les taux des hypothèques sont en hausse et la récession nous guette. Pour le Parti québécois et Québec solidaire, cela n’a aucune importance. Ce qui préoccupe avant tout les 14 Députés de ces deux formations, leur priorité prioritaire, c’est l’obligation de prêter serment au roi Charles III pour pouvoir siéger à l’Assemblée nationale.

Remarquez que je suis d’accord avec la grande majorité des Québécoises et des Québécois à savoir qu’il s’agit là d’une procédure désuète, d’un anachronisme qui mériterait d’être aboli. Mais pour que ce changement puisse se faire, il faut adopter une loi à l’Assemblée nationale et pour adopter une loi, il faut que les Députés siègent.

JOUER SELON LES RÈGLES

Le serment à la monarchie que les Députés de toutes les législatures fédérale et provinciales doivent prononcer pour accéder à la Chambre des Communes et aux assemblées législatives provinciales existe depuis 1867.

Au Québec, des souverainistes comme René Lévesque et Jacques Parizeau et tous les autres Députés péquistes présents à l’Assemblée nationale se sont soumis à cette procédure sans trop rechigner.

En 1982, le Gouvernement péquiste a adopté un deuxième serment qui se lisait ainsi : «Je, (nom du Député), déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j’exercerai mes fonctions de Député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec.» Ce deuxième serment n’abolissait pas ni n’invalidait l’autre, celui à la monarchie qui est toujours en vigueur.

Cette règle, elle est bel et bien connue de tous les aspirants à un poste de Député. Alors, une fois élu, il faut s’attendre à devoir prêter ce serment si l’on veut se retrouver à l’Assemblée nationale. C’est pourtant facile à comprendre.

PQ ET QS

Mais voilà que le nouveau chef du PQ et nouveau Député de Camille-Laurin, Paul St-Pierre Plamondon, une fois élu, annonce qu’il refuse de prêter serment. Durant toute la campagne électorale, M. St-Pierre-Plamondon n’a jamais abordé ce sujet. Par quelle mouche a-t-il été soudainement piqué? Il a tout simplement trouvé ce moyen pour attirer l’attention sur son trio de Députés.

Que le chef du PQ, un parti qui se veut porteur de l’idée de la souveraineté du Québec, veuille mener ce combat, ça se comprend. Mais les troupes de QS, qui se veulent également souverainistes, tout en hésitant à en faire la promotion, n’allaient pas demeurer en reste. Là aussi on décide de refuser de prêter serment à Charles III. Pourtant, en 2018, les 10 Députés solidaires avaient accepté de prêter le serment en question, mais à l’abri des médias et du public. 

MOTION VS PROJET DE LOI

L’abolition du serment à la monarchie pour siéger à l’Assemblée nationale pourrait vivre ses dernières heures. En effet, François Legault et la CAQ se disent d’accord pour adopter une loi qui solutionnerait le problème.

Dans certains milieux, on prétend qu’une simple motion suffirait, mais les experts en constitution ont des opinions divergentes à ce sujet.

Cependant, un point sur lequel tout le monde semble s’accorder, c’est de reconnaître que l’Assemblée nationale du Québec peut abolir le serment à la monarchie au moyen d’un projet de loi.

À ma grande surprise, même le Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau, a exprimé une opinion favorable à ce sujet, déclarant : «L’Assemblée nationale a le droit de décider comment ils veulent organiser leur processus d’assermentation.» 

Les 14 Députés récalcitrants auront beau jouer au martyre d’ici la rentrée parlementaire du 29 novembre prochain, ils devront un jour, mieux vaut tôt que tard, entrer dans le rang, prêter serment et aller mener leur combat sur le parquet de l’Assemblée nationale. 

S’ils refusent de respecter les règles établies et connues de toutes et tous, ils seront indignes du mandat que leur ont confié les électeurs. 

LES MENACES DE DUHAIME

Mercredi dernier, le chef du PCQ a lui aussi tenu un point de presse. Mais, parce qu’il n’est pas parvenu à faire élire un seul Député à l’Assemblée nationale, Éric Duhaime a tenu son point de presse à l’extérieur, en face de l’édifice du Parlement pour la simple et bonne raison qu’un non-élu ne peut utiliser les locaux du Parlement pour tenir des activités.

Lors de son point de presse, M. Duhaime a revendiqué le privilège de pouvoir tenir ce genre d’activité à partir de la Tribune de la Presse et de disposer d’un bureau à l’intérieur du Parlement. Il appuie sa demande sur le fait que plus de 500 000 Québécoises et Québécois ont voté pour son parti et qu’ils méritent le droit de se prévaloir d’une certaine représentation au sein du Parlement.

Je reconnais que le système électoral présentement en place a créé une injustice à l’égard du PCQ qui, malgré l’obtention de près de 13 % des voix, se retrouve sans Députés. Il s’agit là d’une incongruité majeure. Mais, là comme dans le cas du serment, la règle était connue. La vive déception d’Éric Duhaime est facile à comprendre, mais il en est ainsi.

Si le Premier Ministre Legault devait refuser d’accorder à Éric Duhaime le privilège d’avoir accès à la Tribune de la Presse et à un bureau, le chef conservateur a dit avoir un plan «B». 

Et ce plan «B», Éric Duhaime l’a exprimé ainsi : « M. Legault, s’il décide que la démocratie, ce n’est pas important et que 530 000 Québécois, ça ne vaut rien pour lui, il va subir les conséquences de ses actes. S’il pense que c’est dehors (…) et qu’il faut manifester et qu’il faut sortir dans la rue parce qu’il n’a pas de place pour nous, parce qu’il n’est pas assez démocrate pour nous laisser entrer è l’Assemblée nationale, il subira les conséquences de ses décisions.»

Dans ces propos, on retrouve le Duhaime animateur de radio gueulard qui n’hésitait pas à proférer des menaces ici et là. J’aimerais rappeler à M. Duhaime que ce n’est pas François Legault qui a fermé les portes de l’Assemblée nationale au PCQ. C’est l’ensemble des électeurs qui ont choisi de n’élire aucun Député conservateur. Quand on se présente à une élection, il faut en accepter les règles, même lorsqu’elles nous déplaisent. Si tel n’est pas le cas, on ouvre la porte à l’anarchie.

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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine aux 14 Députés récalcitrants et à Éric Duhaime :

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