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Monsieur Legault, respirez par le nez

durée 18h00
23 octobre 2023
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Je ne sais pas si François Legault est sur le point de faire un «burn out» ou si, tout simplement, il joue au jeu Action-Réaction, mais il se comporte d’une drôle de façon depuis sa réélection pour un deuxième mandat.

Il me donne parfois l’impression de se comporter comme une poule pas de tête qui se garroche un peu partout sans avoir pris le temps de réfléchir.

J’en veux comme témoins deux évènements en particulier qui m’incitent à m’interroger sur son comportement : la saga du 3e lien entre Lévis et Québec et les négociations avec les 420 000 employés de l’État.

Le 3e lien

Nous nous souvenons tous de l’importance accordée au projet d’un tunnel autoroutier entre Lévis et Québec lors de l’élection générale d’octobre 2022. Dans les régions de Chaudière- Appalaches et de la Capitale nationale, les candidates et candidats caquistes sont allés au front avec cette promesse.

Pourtant, à peine six mois après l’élection, en avril, sans avertissement, François Legault envoie au bâton sa Vice-Première Ministre et Ministre des Transports, Geneviève Guilbault, pour annoncer que le tunnel autoroutier devenait un tunnel réservé au transport collectif.

Alors que cette décision avait été prise au bureau du Premier Ministre, François Legault n’a pas eu le courage de faire lui-même l’annonce ou même d’accompagner Madame Guilbault lors de l’annonce. Sa Vice-Première Ministre a été envoyée seule, servant de bouc émissaire.

L’élection dans Jean-Talon

Le 2 octobre dernier, dans le cadre de l’élection partielle dans Jean-Talon, un comté situé à l’ouest de Québec et détenu par la CAQ, le PQ fait élire son candidat avec une forte majorité.

En 2022, la candidate de la CAQ avait été élue avec 41 % des votes. Un an plus tard, la candidate caquiste n’obtient que 21,3 % des votes. François Legault dit prendre le blâme pour cette défaite.

Et, dès le lendemain matin, sans avoir consulté qui que ce soit, le voilà qui ressuscite le projet de 3e lien autoroutier. On sent le malaise au sein du groupe d’élus caquistes interviewés par les médias. Plusieurs semblent même apprendre la nouvelle de la bouche des journalistes. François Legault donne l’impression de jouer au yoyo avec le 3e lien.

Soudain, il propose de tenir une grande consultation autour de ce projet. M. Legault, pourquoi cet intérêt soudain pour une consultation, alors qu’il n’en avait jamais été question auparavant? Où est-ce que l’on s’en va? 

Si François Legault croit que la défaite de la CAQ dans Jean-Talon est due à l’abandon du projet de tunnel autoroutier, il se trompe royalement.

Parmi les raisons qui expliquent la défaite caquiste dans Jean-Talon, on peut mentionner le fait que la députée caquiste démissionnaire, Joëlle Boutin, à peine un an après sa réélection, en a indisposé plusieurs. Sa frustration de ne pas avoir été nommée Ministre camouflée sous des préoccupations familiales soudaines a occasionné la tenue d’une élection partielle dont les coûts frôlent le demi-million de dollars. 

De plus, les problèmes qui persistent dans la gestion de la santé et de l’éducation continuent d’indisposer les électeurs, cela même si le Gouvernement ne ménage pas ses efforts pour améliorer la situation. Jusqu’à date, les améliorations sont peu perceptibles.

Enfin, la question du 3e lien ne revêtait pas une très grande importance pour la population de Jean-Talon, comté situé à proximité des ponts. Et, si le 3e lien avait été un point majeur de cette élection, le seul parti qui faisait campagne en promettant de réaliser le 3e lien autoroutier, le Parti conservateur, aurait certainement obtenu plus que 6 % des votes que les électeurs de Jean-Talon ont accordé à son candidat.

Les négociations avec les employés de l’État

La semaine dernière, François Legault a une fois de plus sorti un lapin de son chapeau en déclarant que les syndicats du front commun, présentement en négociations pour le renouvellement de leurs conventions collectives, préparaient une «grosse grève» pour le 31 octobre, jour de l’Halloween.

Je ne sais trop si le premier ministre voulait commencer à faire peur aux Québécoises et aux Québécois en déguisant les 420 000 membres du front commun en gros méchants.

Toujours est-il qu’après cette déclaration surprise, le front commun, par la bouche du Président de la CSQ, Éric Gingras, a déclaré ce qui suit : «Ce n’est pas dans nos plans pour le 31 et je ne sais pas d’où ça vient.» 

En jetant ainsi de l’huile sur le feu, François Legault n’aide pas la Présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, chargée de mener les négociations.

Les syndicats membres du front commun (FTQ, CSN, CSQ et APTS) ont obtenu de leurs membres un mandat clair (95 %) pour déclencher une grève générale lorsque cela sera jugé nécessaire.

Les prochains mois risquent fort d’être particulièrement houleux et les services de l’État pourraient être passablement perturbés. Comme Premier Ministre, François Legault doit donc faire preuve de prudence dans ses propos et se comporter en chef d’État et non en chef de parti.

Je comprends que la situation économique actuelle ne rend pas les choses faciles pour nos dirigeants politiques. Mais, c’est souvent en temps de crise que les véritables leaders émergent.

Monsieur Legault, de grâce, respirez par le nez.

Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à François Legault :

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