Wow, voici une photo extraordinaire: le garagiste Adalbert Gilbert exhibant fièrement un énorme chasse-neige qu'il a lui-même fabriqué de ses propres mains. Une impressionnante structure faite de métal et de bois, soutenue par des chaines activées manuellement. Elle faisait presque toute la largeur de la rue. Pour soulever ou abaisser la charrue, M. Gilbert devait actionner les palans à chaînes manuels de chaque côté. Wow quelle ingéniosité, il était un précurseur en la matière. Un brillant «patenteux», comme on dit en Beauce. Il était alors stationné tout juste en face de son garage, à gauche, là où l'on voit un bout de boyau par terre et le haut des pompes à essence au-dessus de la calotte du spectateur à l'extrême gauche. Aujourd'hui, cet endroit correspond à la 1re avenue, entre le bar Black Saloon à droite et le défunt Mondo à gauche. Un peu plus loin à droite, on voit l'Hôtel Central, aujourd'hui devenu la Société Micro-Brasserie. Le bel immeuble à gauche est la résidence de Thomas Murtha, qui fut construite en 1910. Thomas étant décédé en 1933, cette maison passa à son fils Ernest Murtha. L'année suivante, en 1934, Ernest et son épouse décidèrent de transformer cet édifice en hôtel. Ils en ont donc modifié l'apparence extérieure pour en faire un gros immeuble rectangulaire tout en conservant le même style, c'est ainsi qu'est né l'Hôtel Murtha, devenu plus tard le Vieux Saint-Georges, maintenant le Resto Bar le Shaker. Né à Saint-Georges en 1886, M. Gilbert a toujours été un mordu de la mécanique et, avant de se lancer dans l'automobile, il travaillait à la réparation de moulins à scie et autres machineries du genre. En 1919, il fonda l'un des premiers garages en ville, le Garage Gilbert (photo 2, celui à droite est Davilas) qui se trouvait sur le site où a été situé plusieurs années plus tard le restaurant Mondo. M. Gilbert tenait à toujours être à l'avant-garde dans son domaine. Ainsi, il fut également l'un des premiers propriétaires d'une remorqueuse à Saint-Georges, c'est lui qui est au volant de son véhicule sur la troisième photo vers 1929, alors qu'il était stationné dans la cour de la résidence de son ami Thomas Murtha. Il fut un excellent mécanicien, hautement apprécié des propriétaires de véhicules automobiles. Sa compétence, son honnêteté et sa réputation lui amenèrent une importante clientèle. En 1929, en raison de l'accroissement constant des affaires, M. Gilbert ouvrit un autre garage sur la 2e avenue, c'est celui qu'on voit à la 4e photo, qui prit le nom de garage Gilbert et Fils Enrg, entreprise dans laquelle ses trois fils Ernest, Davilas et Rolland travaillèrent tour à tour. Même ses petits-fils prirent la relève dans les années '80. Un souvenir historique fourni par une descendante de M. Gilbert: un carton d'allumettes datant des débuts de cet établissement (photo 5). Autre souvenir encore plus surprenant à la photo 6: une facture du garage J.A. Gilbert de 1948; remarquez la description de la facturation, entre autres: 1,20$ pour une heure d'ouvrage, alors que le tarif des ateliers de mécanique est aujourd'hui d'environ 70$ l'heure. Incroyable comme le coût de la vie a augmenté depuis cette époque, au moins 50 fois plus cher aujourd'hui pour une heure de travail au garage. On gagne d'impressionnants salaires, mais les coûts ont aussi augmenté de façon vertigineuse. Finalement est-on vraiment plus riches de nos jours? Quel souvenir du siècle dernier!
Photos 1, 3 et 5 de Caroline Veilleux. Photo 2 du fonds Claude Loubier. Photo 4 du fonds Alain Gilbert. Photo 6 (facture) du fonds Claude Giguère. Texte et recherches de Pierre Morin.
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