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Si le ridicule tuait

durée 18h00
13 septembre 2021
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

SI LE RIDICULE TUAIT

Nous avons assisté, au cours de la dernière semaine, à des évènements et à des prises de positions qui, si le ridicule tuait, auraient fait probablement autant de victimes que la COVID-19.

Ce fut le cas des syndicats représentant les employés.es de la santé au Québec, des manifestants qui ont lancé des roches à Justin Trudeau et à un conseil scolaire ontarien qui a brûlé des livres.

VACCINER LES EMPLOYÉ.ES DE LA SANTÉ

Suite à l’annonce par le Gouvernement du Québec de la vaccination obligatoire des employés.es du domaine de la santé, le tout assorti d’une suspension en cas de refus, les syndicats se sont insurgés contre cette mesure.

L’argument utilisé par les opposants avance que cela va à l’encontre des droits individuels. On menace de multiplier les griefs et les recours judiciaires pour combattre cette décision gouvernementale.

Personnellement, cette prise de position, même si elle ne me surprend pas, suscite chez moi un certain questionnement.

Reconnaissons d’abord que la vaste majorité du personnel de la santé est déjà adéquatement vacciné; on parle d’une proportion d’environ 87 %, ce qui laisse à peine 13 % d’employés.es non-vaccinés.es.

Pourtant, ce sont ces mêmes employés.es et leurs représentants syndicaux qui, avec raison, ont fait appel à l’ensemble de la population pour qu’elle se fasse vacciner afin d’éviter l’engorgement des hôpitaux où le personnel est débordé, fatigué, écoeuré et à bout de souffle. L’ensemble de la population a répondu positivement à cette requête et près de 83 % des Québécoises et des Québécois de plus de 12 ans sont déjà adéquatement vaccinés.es.

Le premier rôle d’un employé de la santé est de fournir des soins adéquats et sécuritaires aux patients qui se présentent dans un centre de soins. Et là, vous allez me dire qu’il est pleinement justifié, au nom des droits individuels, qu’un patient, qui se présente dans ces lieux pour recevoir des soins, puisse contracter la COVID-19 en étant infecté par un employé qui a refusé le vaccin. Pas très fort comme argument.

En me présentant dans un centre hospitalier ou un autre lieu pour recevoir des soins, je ne devrais pas avoir à me demander si la personne qui m’y accueille a été vaccinée ou non.

Que l’on brandisse la menace d’un bris de services face à l’exigence légitime mise de l’avant par le Gouvernement dénote une absence totale du sens des responsabilités de la part des résistants. On semble avoir oublié la toute première mission du personnel de la santé, soit d’offrir à la population des soins adéquats et sécuritaires. On ne va pas à l’hôpital pour risquer d’attraper une nouvelle maladie, on y va pour recouvrer la santé.

Si le respect des droits individuels est important dans une société, il ne doit pas prévaloir sur le respect des droits collectifs.

MANIFESTATIONS VIOLENTES

Lors d’une visite récente en Ontario, le premier Ministre Justin Trudeau a fait face à des manifestants qui sont allés jusqu’à lui lancer des roches.

Plusieurs de ces manifestants violents portaient des pancartes ou des gilets aux couleurs du Parti populaire du Canada de Maxime Bernier. Heureusement, ce dernier est intervenu pour préciser qu’il était favorable aux droits du public à manifester, mais qu’il souhaitait que cela se fasse sans violence.

Plusieurs de ces manifestants prétendent que les mesures sanitaires mises de l’avant par les Gouvernements sont une preuve que l’on vit sous une dictature au Canada. Je les invite à aller manifester et lancer des roches à Vladimir Poutine en Russie ou aux dirigeants Talibans en Afghanistan et/ou dans une foule d’autres pays dirigés par de vrais dictateurs. Vous comprendrez vite ce qu’est une vraie dictature.

En démocratie, nous disposons d’un très important droit de manifester qui s’appelle le droit de vote. Dans une semaine jour pour jour, vous pourrez manifester votre satisfaction ou votre insatisfaction à l’égard des politiciens. Dans chacun des 338 comtés canadiens, une panoplie de candidates et de candidats représentant toute la gamme des idéologies sont sur les rangs. Faites votre choix, votez et cessez d’écoeurer le peuple.

DES LIVRES À L'INDEX

La décision du Comité d’évaluation du Conseil scolaire catholique Providence dans le sud-ouest de l’Ontario de brûler des livres et d’en mettre quelque 5 000 à l’index, le tout dans un geste de réconciliation avec les Autochtones, a soulevé un tollé partout au Canada et même au-delà.

On ne parle pas de livres prônant la discrimination. On parle de romans, d’albums de Tintin, d’Astérix, de Lucky Luke et autres du genre. On a même éliminé un livre écrit par un auteur autochtone.

Et, fait encore plus étrange, cette démarche n’a pas été demandée par des peuples autochtones. La personne à l’origine de ce geste fou s’appelle Suzy Kies qui, avant de démissionner au cours des derniers jours, était coprésidente de la Commission des peuples autochtones du Parti libéral du Canada.

Madame Kies prétend avoir des origines autochtones, ce qui a été clairement démenti. En effet, le nom de Suzy Kies et des membres de sa famille n’apparaissent nulle part au sein de la bande abénakis dont elle se réclame. D’ailleurs, plusieurs groupes autochtones ont manifesté leur opposition à l’élimination des livres effectués par le Conseil scolaire ontarien.

Le dérapage des autorités scolaires concernées par cette affaire, loin d’avoir créé un climat de réconciliation, nous a plutôt ramené à l’époque du Moyen-Âge alors qu’au nom des religions, on brûlait des livres et on en mettait d’autres à l’index. On ne doit pas tenter de réécrire l’histoire en mettant de l’avant les valeurs d’aujourd’hui. Cela est tout simplement ridicule.

Visionnez tous les textes d'opinion de Pier Dutil

PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine aux employés de la santé qui refusent le vaccin et aux syndicats qui les représentent :

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