100 jours de chaos... et ce n'est pas fini
Pier Dutil
Le 29 avril dernier marquait le 100e jour de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Depuis le 20 janvier, date de son intronisation à titre de Président des États-Unis, Trump a semé le chaos tant aux États-Unis que sur l’ensemble de la planète. Et, malheureusement, ce n’est pas fini. Sincèrement, je n’aurais jamais cru qu’un seul homme puisse perturber la planète en si peu de temps.
En réalité, la seule journée où il n’a pas dominé l’actualité, le 8 mai dernier, c’est un autre Américain, Robert Francis Prevost, qui a retenu l’attention en devenant Léon XIV, le nouveau Pape.
Un hyperactif dangereux
S’il y a un reproche que l’on ne peut adresser à Donald Trump, c’est d’être un Président paresseux. En effet, en seulement 100 jours et un peu plus, Il a trouvé le moyen de :
- Nommer des ministres incompétents dont un a déjà été limogé;
- Rédiger plus de 140 décrets, soit plus qu’Obama durant son premier mandat. Le record précédent appartenait à Franklin D. Roosevelt avec 94;
- Faire congédier plus de 62 000 fonctionnaires par son ami Elon Musk;
- Gracier des centaines de criminels impliqués dans l’assaut du Congrès en 2021;
- Abolir le ministère de l’Éducation;
- Couper les fonds aux universités qui refusent de se conformer à ses exigences;
- Mettre fin à l’aide aux pays vulnérables;
- Procéder à des arrestations d’innocents comme le faisait la Gestapo au temps d’Hitler;
- Menacer des juges, des bureaux d’avocats qui ont été impliqués dans des procès contre lui;
- Censurer des milliers de livres qui ont été retirés de bibliothèques publiques;
- Expulser des immigrants sous de faux prétextes au Salvador après avoir payé plusieurs millions de dollars au Président de ce pays pour qu’il les emprisonne;
- Refuser de se soumettre aux jugements de plusieurs tribunaux américains;
- Ne pas respecter la liberté d’expression en expulsant du Bureau ovale les journalistes de l’Associated Press qui refusent d’utiliser le nom Golfe de l’Amérique pour désigner le Golfe du Mexique;
- Etc.
Je choisis de m’arrêter ici, car la liste est déjà trop longue quand on pense que tout cela s’est produit en à peine 100 jours.
Plusieurs des gestes posés par Donald Trump vont à l’encontre de la Constitution américaine. Lui-même, lors d’une entrevue au réseau NBC, répondait : «Je ne sais pas» à la question de la journaliste qui lui demandait si toutes ces mesures respectaient la Constitution. Pourtant, le 20 janvier dernier, lors de son investiture, le nouveau Président jurait sur la Bible : «…de préserver, de protéger et de défendre la Constitution des États-Unis.»
«Le Jour de la Libération»
Comme si la longue liste citée ci-haut ne suffisait pas, Donald Trump en a remis le 2 avril dernier en lançant une guerre commerciale mondiale contre pas moins de 185 pays, proclamant cette journée «Le Jour de la Libération».
C’est à cette occasion qu’il s’est attaqué à la planète entière en mettant en place des tarifs douaniers différents selon les pays visés.
Même si, à l’unanimité, les économistes non-partisans, ont condamné ces tarifs, expliquant même que ce sont les citoyens américains qui auraient à en souffrir davantage, Donald Trump a persisté et signé avec son gros crayon feutre.
Cependant, la pression de certains milieux sur le Président a fait en sorte que plusieurs tarifs ont été modifiés, voire même abandonnés. Les impacts sur l’activité économique américaine commencent tout juste à se faire sentir et il y a fort à parier que Trump devra reculer.
Certains pays, comme la Chine, sauront résister aux menaces du Président américain. Il y a déjà un embryon d’entente avec le Royaume-Uni et des négociations s’amorcent avec la Chine au point où Trump a fait mention d’une possible diminution de moitié des tarifs imposés à la Chine.
Les prochains mois seront intéressants à observer afin de voir comment Trump justifiera le retrait de nombreux tarifs.
Il y a de l’espoir
À la lecture de toutes ces initiatives du Roi de la Maison Blanche, on en vient à penser que les Américains et les habitants de la planète son condamnés à subir les foudres de Donald Trump sans aucun espoir d’amélioration.
Pourtant, il y a de l’espoir. Les quelque 340 millions d’Américaines et d’Américains ne sont pas tous imbéciles. En effet, depuis son assermentation, la cote d’approbation des Américains à l’égard de leur Président est passée de 55 % à 41 %, soit la plus basse cote de tous les Présidents après 100 jours au pouvoir.
Et, à mesure que les impacts négatifs des tarifs douaniers affecteront les Américains dans leur vie quotidienne, on verra monter la pression sur le Président qui n’aura pas le choix d’embrayer du reculons.
Ces impacts, ils prendront plusieurs formes comme des augmentations importantes des prix de nombreux produits, la non-disponibilité d’autres produits, la fermeture d’usines dont les chaînes d’approvisionnement seront rompues, la forte probabilité d’une récession et d’une augmentation des taux d’intérêt pour ne citer que ces cas.
Cela finira par affecter les électeurs américains qui, lors des élections de mi-mandat prévues pour novembre 2026, pourraient punir les Républicains au point de leur retirer les majorités dont ils bénéficient à la Chambre des Représentants et au Sénat. Le Président se retrouverait alors fortement limité dans ses pouvoirs.
Courage
Il reste encore 1 358 jours au mandat de Donald Trump.
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Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine à Donald Trump, car je suis assuré qu’il est un fidèle lecteur de mes chroniques. HA! HA! HA!
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