Qu'adviendra-t-il de l'église de l'Assomption?
Pier Dutil
Le 20 octobre dernier, les dirigeants de la Paroisse Saint-Georges-de-Sartigan ont tenu une séance d’information concernant le sort de l’église de l’Assomption, séance à laquelle ont participé de 250 à 300 personnes.
On sait depuis déjà quelques années que ce bâtiment a un grand besoin d’amour nécessitant d’importants investissements. En même temps, on sait également que la pratique religieuse est en très forte baisse et que, d’année en année, le bilan financier s’écrit à l’encre rouge.
Mise en situation
D’entrée de jeu, les intervenants, le curé Alain Pouliot et le coordonnateur responsable du comité consultatif de l’organisation locale, Pierre Duval, ont tenu à préciser que l’objectif de la séance se voulait avant tout informatif et qu’aucune décision officielle concernant l’avenir de l’église de l’Assomption ne serait prise sur place.
À part les travaux d’entretien requis pour assurer la bonne condition de l’édifice, travaux qui requièrent annuellement plusieurs dizaines de milliers de dollars, l’usure du bâtiment datant de près de 75 ans nécessitera bientôt des investissements majeurs évalués à entre 1 et 2 millions de dollars (1 et 2 M$).
La partie de l’édifice présentement la plus affectée est le clocher qui, suite à des infiltrations d’eau, ne cesse de se dégrader. La situation est à ce point sérieuse que l’on a dû fermer le passage situé du côté sud de l’édifice menant au stationnement arrière parce que des morceaux du clocher se détachaient, menaçant ainsi de blesser des individus ou occasionner des bris aux véhicules circulant à cet endroit.
À eux seuls, les travaux de réparation du clocher exigeraient des dépenses de 1,4 à 1,6 M$.
Le recouvrement en asphalte du stationnement arrière nécessiterait également des travaux de plusieurs dizaines de milliers de dollars.
Des finances déficitaires
Lors de la fusion de douze communautés paroissiales réalisée en 2019, la paroisse de l’Assomption possédait un fonds de réserve de 355 000 $. Mais, pour éponger les déficits d’opération annuels, ce fonds de réserve a été grugé et, si l’on se fie aux résultats des campagnes de financement annuelles, la situation risque de s’envenimer. Pour l’année en cours, en date du 30 septembre dernier, on s’attend à un nouveau déficit de l’ordre de 56 000 $. Ce déficit pourra être absorbé par le fonds de réserve, mais ce dernier aura une fin à court ou moyen terme.
L’importante baisse de la pratique religieuse, la diminution des mariages et des sépultures à l'église et des revenus annuels non suffisants pour combler toutes les dépenses peuvent expliquer la situation financière actuelle. Malheureusement, cette tendance ne risque pas de se résorber.
Quatre options
Une fois l’état des finances établi et l’énumération d’importants travaux d’entretien et de réparation requis, les dirigeants ont fait part à l’assistance de quatre options potentielles.
D’abord, le statu quo, à savoir que l’on continue comme présentement sans entreprendre de travaux majeurs, se contentant d’entretenir l’église et de combler les déficits à même le fonds de réserve, tant et aussi longtemps que ce fonds ne sera pas tari.
La deuxième option consisterait à effectuer des travaux mineurs en vue de sécuriser le clocher pour atténuer les risques et les dégâts. Ce serait comme appliquer un diachylon sur une jambe de bois.
Troisièmement, on pourrait entreprendre un vaste chantier pour réparer le clocher. Pour financer le tout, une importante campagne de financement publique devrait être organisée dans l’espoir de parvenir à récolter les sommes nécessaires.
Enfin, la dernière option consisterait à vendre l’édifice à des promoteurs pour en faire une salle de spectacles, un projet qui tarde à lever à Saint-Georges.
Des acheteurs potentiels?
Lors de la période de questions qui a suivi les mises en situation, j’ai posé la question à savoir si les dirigeants étaient en mesure d’identifier un ou des acheteurs potentiels. Comme réponse, on a mentionné des gens d’affaires et les Amants de la Scène.
Le Président du conseil d’administration des Amants de la Scène présent sur place, Bernard Lessard, n’a pas jugé bon d’intervenir à ce moment.
Contacté deux jours plus tard, M. Lessard m’a confié que l’organisme les Amants de la Scène n’était nullement impliqué, ni directement, ni indirectement dans une éventuelle transaction visant l’achat de l’église de l’Assomption.
Organisme sans but lucratif (OSBL) créé en 1986, les Amants de la Scène a pour mission l’organisation de spectacles dans diverses salles à Saint-Georges.
Advenant la construction d’une salle de spectacles à Saint-Georges, les Amants de la Scène pourrait être impliqué dans la gestion de la salle en question, mais sans plus, selon Bernard Lessard.
Joint également dans les jours suivant la séance d’information, Pierre Duval a tenu à préciser que le nom des Amants de la Scène n’aurait probablement pas dû être mentionné lors de la séance.
M. Duval a ajouté que présentement, aucune décision concernant une vente éventuelle de l’église n’était sur la table. «Il n’y a pas de pancarte «À Vendre» sur la pelouse» ajoutait-il.
D’ailleurs, lors de la séance du 20 octobre, il a été précisé qu’avant toute prise de décision, dans un sens ou dans l’autre, la population serait à nouveau consultée.
Une église de trop
Peu importe quand une décision finale sera prise, une analyse rapide de la situation m’amène à penser qu’il y a une église de trop à Saint-Georges présentement. Que cela plaise ou non à certains, la description de la situation présentée lors de la récente séance d’information laisse peu de choix aux dirigeants des paroisses impliqués.
On ne pourra continuer à faire d’importants déficits annuellement, on ne dispose pas des fonds nécessaires pour effectuer les importants travaux de mise à jour de l’édifice et, même si une campagne de financement permettait d’amasser les sommes nécessaires, cela serait à recommencer quelques années plus tard pour l’entretien de l’édifice.
De plus, on sait très bien que la pratique religieuse n’ira pas en augmentant, risquant même de continuer à diminuer. Conséquemment à cela, les contributions à la CVA diminuent d’année en année, ce qui contribue encore à menacer la situation financière de la paroisse.
Une décision relativement rapide pourrait contribuer à amoindrir les dommages de toutes sortes. Un peu partout au Québec, de nombreuses églises ont fermé leurs portes et ont vu leur vocation changer. Saint-Georges n’y échappera pas. Ce n’est qu’une question de temps.
Courage
Il ne reste que 1 197 jours au mandat de Donald Trump.
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Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine aux paroissiens de l’Assomption qui seront appelés à décider du sort de leur église :

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