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Portrait de femmes - 7 de 8

Marie-Claude Gonthier: grimper les poteaux et les échelons

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7 mars 2020
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Sylvio Morin
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Par Sylvio Morin, Chef des nouvelles

Au premier abord, il est difficile de croire que Marie-Claude Gonthier, en raison de son léger gabarit, ait commencé sa carrière dans le domaine de la pose de câbles électriques et de télécommunication à titre de... monteur de ligne! Un travail très physique, encore aujourd'hui presqu'exclusivement mené par des hommes.

C'est pourtant le parcours de celle qui est aujourd'hui directrice associée chez LEQEL (Les entreprises québécoises d'excavation Ltée), une entreprise familiale fondée par son père qui, depuis plus de 40 ans, oeuvre dans le domaine des communications, infrastructures et réseaux électriques par la fourniture et l’installation de poteaux, la pose de câbles aériens et de fibre optique, l’excavation, le bétonnage et la pose de câbles souterrains, l’émondage, la fusion et l’intra-bâtiment.

Aujourd’hui, son champ d’activités, qui couvre l'ensemble de la province à partir de ses installations de Québec, relève principalement du secteur gouvernemental (Hydro-Québec), du secteur public (Bell, Vidéotron et Telus), des municipalités et du secteur privé (entreprise industrielle, promoteur et particulier).

Mais avant d'en arriver là, la native et toujours résidente de Saint-Georges a simplement complété son cours secondaire avant de partir à l'aventure dans l'Ouest canadien, comme bien des compatriotes québécois, notamment « pour apprendre mon anglais. »

Elle revient en Beauce à 18 ans et propose à son père d'aller travailler sur les chantiers de son entreprise. « Un soir, il m'a appelé pour me dire "Va t'acheter des bottes, demain matin, tu rentres au travail". Ça c'est fait comme ça », se rappelle Marie-Claude Gonthier.

« Je voulais vraiment essayer. Je n'avais pas peur de me salir les mains À 18 ans, on a plein d'idées folles. J'avais rien d'autre qui m'appelait en termes de travail. Comme j'avais baigné dans l'excavation depuis mon tout jeune âge, je me suis dis que je voulais aller travailler sur les chantiers avec les gars ». Dès le premier jour, elle adore.

Marie-Claude Gauthier entreprend alors toutes les formations et démarches de permis pour être en mesure de conduire les camions et opérer les pelles mécaniques qui sont les outils de base pour le fonctionnement de l'entreprise. À titre de manoeuvre, elle fait ses classes. On est en 1996.

De monteur de ligne à contremaître
Puis arrive la fameuse tempête de verglas de janvier 1998. Les équipes de LEQEL sont mobilisées pour réparer le réseau électrique, principalement amoché dans la région montréalaise, alors que des milliers de poteaux doivent être remplacés.

Elle voit à l'oeuvre les monteurs de ligne qui sont devenus, malgré eux, les héros de cette crise qui a affecté la moitié de la population du Québec. C'est le coup de foudre pour la jeune Gonthier! « Je me suis dit que j'allais devenir monteur de ligne ».

Elle dépose sa candidature à l'école de Saint-Henri-de-Lévis, la seule à offrir la formation dans tout le Québec. À l'issue de tests de capacités physiques — comme de grimper dans un pylône d'acier de 150 pieds!, elle sera la seule, avec une autre candidate, à être retenue parmi une cohorte de 12 femmes.

« Je me suis trouvée toute de suite dans mon élément. Oui, c'était dur physiquement. Il y a des trucs, on se fait aider. Il y avait des hommes dans le cours qui eux aussi n'étaient pas gros et forts mais qui réussissaient quand même, » avoue-t-elle tout en faisant remarquer que le fait de travailler à l'extérieur dans un environnement masculin lui convenait parfaitement.

Au sortir de l'école, elle obtient un premier contrat pour Québec Téléphone, aux installations de Montmagny. Elle se présente le premier matin et son collègue de chantier, avec qui elle doit travailler, refuse de le faire parce qu'elle est... une femme!

« La journée même où c'est arrivé, j'avais le motton dans la gorge mais ça a fini par passer. » C'est donc eu sein de LEQEL qu'elle développera son expérience de monteur de ligne en travaillant sur plusieurs chantiers dans de nombreuses régions du Québec.

Au moment de prendre sa retraite, un contremaître de LEQEL suggère au père de Marie-Claude Gonthier d'être remplacé par celle-ci. La jeune femme n'a que 24 ans à l'époque mais elle a quand même plusieurs cordes à son arc: monteur de ligne, plantation de poteaux, dynamitage, opératrice de machinerie lourde. Elle obtient la confiance du paternel.

À partir de 2008 s'amorce le transfert de propriété de LEQEL qui se confirmera complètement en 2010 alors que Mme Gonthier devient co-actionnaire, avec son frère et un autre associé, de l'entreprise familiale qui compte 80 employés. Ce n'est que vers 2015 qu'elle laissera complètement le travail de contremaître, une fonction qui lui manque terriblement, confesse-t-elle.

Conciliation travail-famille
La directrice associée signale par ailleurs que les plus grandes difficultés rencontrées dans sa carrière ont été de concilier le travail et la famille. Surtout que chez les femmes, d'indiquer Mme Gonthier, « on se sent vite coupable d'abandonner nos enfants si on se consacre trop à notre carrière. »

D'abord, son premier enfant est arrivé alors qu'elle avait 26 ans et deux autres ont suivi. En second lieu, son conjoint, avec qui elle partage sa vie depuis 27 ans, est un important entrepreneur en construction de Saint-Georges.

Enfin, les bureaux de LEQEL se trouvent... à Québec! « Nous avons fait le choix de rester à Saint-Georges pour toutes sortes de raison parmi lesquelles, la qualité de vie ici. Nous sommes tous les deux en affaires, ce n'est pas toujours évident à concilier. Il y a certains matins où je trouve ça un peu difficile de faire la navette mais c'est une question d'organisation. Nous avons trouvé de l'aide », dit-elle en rappelant que de cette façon, personne n'a eu a sacrifier sa carrière.

L'autre dimension importante dans la vie de Marie-Claude Gonthier, et qui l'a toujours été, est le maintien d'une bonne condition physique. Elle a déjà notamment participé à une course Montréal-New-York.

« C'est ce qui me tient active et vigoureuse et me permet de passer à travers des charges de travail qui sont parfois très lourdes ».

Parions que si on lui lançait le défi, la monteur de ligne serait encore capable de grimper allègrement un pylône de 150 pieds malgré ses 45 ans. Juste pour le plaisir et la satisfaction de la réussite. À l'image de sa carrière.

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